1998 : LA PLUS LONGUE ÉRUPTION DE TOUTE SON HISTOIRE
Cette éruption exceptionnelle débute le 9 mars à 15h05 et durera 196 jours sans interruption ! Le volcan qui s’était endormi pendant 6 années va alors susciter un engouement populaire incroyable, des embouteillages monstres jour et nuit obligeront même les autorités locales à mettre en place un système de bus-navettes pour désengorger le seul accès par la Plaine des Sables.
Le 9 mars, un système de fissures éruptives est localisé en dessous du sommet sur le flanc nord entre le cratère Julien de 1981 et le Puy Mi-Côte donnant des fontaines de lave jaillissant jusqu’à 50 m de hauteur. Le débit global est estimé à 20 m3 par seconde. Les premiers cratères prennent le nom de Fred Hudson et de Kapor, le troisième (qui s’est formé sur le flanc nord sur la fissure Est ouverte le 9 mars) celui de Maurice-et-Katia-Kraflt.
L’activité éruptive se distingue par des sautes d’humeurs, certains épisodes d’hyperactivité succédant à de longues accalmies. Jusqu’à la fin mars, l’éruption se poursuit mais au ralenti.
Les premiers jours d’avril sont marqués par une spectaculaire reprise d’activité au Kapor. Le cratère Fred-Hudson s’éteint et le Katia-et-Maurice-Kraft émet encore quelques projections.
A la mi-avril, seul le Kapor est encore en activité. Dans la nuit du 17 au 18 avril, un pan du cône s’effondre donnant naissance à une nouvelle coulée.
LA COURSE À LA ROUTE
Dans le courant du mois de mai, l’activité marque à nouveau le pas. Deux mois après le début de l’éruption on ne voit plus de coulées mais la lave s’écoule toujours : elle circule en tunnel jusqu’à plusieurs centaines de mètres du Piton Kapor.
Début juillet, l’éruption a entamé son voyage en direction des Grandes Pentes. Un nouvel épisode de l’éruption du Kapor s’ouvre. A partir du 9 juillet, l’activité réellement visible se déplace de la zone du Piton Kapor (2 150 m d’altitude) aux basses pentes du Piton de la Fournaise. Le 7 juillet au soir, elles atteignent une altitude d’environ 400 m qui les situent à peine à 2,5 km de la route traversant le Grand-Brûlé. Le 11 juillet, elles ont parcouru les quatre cinquièmes du chemin jusqu’à la RN 2. Nouveau coup de théâtre le 13 juillet, le front se stabilise à 400 m d’altitude. Le 31 juillet les coulées s’immobilisent à seulement 200 m de la RN 2. Un nouveau sursaut et le mardi 4 août, elles ne sont plus qu’à 2,50 m de la chaussée. Elles n’iront pas plus loin. A partir du 8 août, l’activité se déplace en dehors de l’enclos sur le rempart de Bois-Blanc.
HORS ENCLOS…
Le dimanche 9 août, la lave fait une première sortie très discrète hors enclos, sa première depuis le début de la crise. Le lendemain, le mauvais temps ne permet pas vraiment d’en savoir plus sur l’avancée de la coulée. On sait seulement que son front se situe vers 1 700 m d’altitude et à environ 6 km des premières habitations. Le 12 août, les gendarmes survolent le site et constatent que toute activité hors enclos est terminée. Dans la nuit de jeudi à vendredi pourtant, une nouvelle fissure s’ouvre, relançant l’activité sur cette zone d’altitude très marécageuse. Le samedi 15 août, toujours dans le même secteur, ce sont finalement quatre coulées hors enclos qui sont observées, la dernière semblant se diriger vers le Trou Caron. Grâce aux relevés de l’observatoire, on sait cependant que le gros du trémor s’est déplacé du Piton Kapor au Nez Coupé. Les coulées continuent à descendre vers le littoral à une vitesse variable.Le 20 août, une coulée finit par dévaler le rempart de bois-Blanc pour retourner dans l’enclos au niveau de la Plaine des Osmondes. La lave est alors à quatre kilomètres des premières habitations. Quatre jours plus tard, deux autres filets de lave tombent du rempart vers 1 540 m d’altitude. Vers la fin septembre, l’activité du Piton de la Fournaise donne de très sérieux signes d’essoufflement. A partir du 23 septembre, l’éruption du 9 mars est considérée comme terminée.
D’après l’article de Alain DUPUIS (Journal de l’île de la Réunion).
Photos Luc Souvet
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