2 juillet 2023

LA DEUXIÈME CRISE FUT LA BONNE…

 

33 séismes le 15 avril, 24 le 14 avril… « Cette sismicité fait suite à une reprise de l’inflation du sommet de l’édifice du Piton de la Fournaise depuis début mars 2023 » déclare Aline Peltier, la Directrice de l’observatoire de volcanologie de la Plaine des Cafres.
La sismicité augmente, même si l’intensité de ces séismes n’est pas très importante. Le gonflement du sommet de l’édifice volcanique traduit bien une mise en pression du réservoir magmatique… Une semaine plus tard, une crise sismique débute mais la pression retombe rapidement; le Préfet décide de réouvrir l’enclos au public.
Dès le 10 juin, une augmentation de la sismicité est de nouveau observée sous le Piton de la Fournaise. Ces séismes sont de faible magnitude (<1), la plupart ne sont pas localisables mais quelques-uns de ces événements ont pu être localisés entre 1,5 et 2 km de profondeur sous le cratère Dolomieu.
Cette reprise de la sismicité fait suite à une pressurisation du réservoir superficiel, localisé à environ 1,5-2 km de profondeur sous le cratère Dolomieu, entre mars et mai 2023 et qui avait donné lieu à une intrusion le 21 avril.
La reprise de la sismicité au toit du réservoir montre que ce processus de pressurisation est en train de reprendre…
Le 2 juillet, suite à une crise sismique débutée à 7h36, l’éruption débute une heure plus tard sur le flanc est du volcan.

Photo Eliza & Luca Giussani

Dès le premier jour, l’éruption est bien visible depuis la RN2 comme le montre bien cette photo de la webcam de l’OVPF.

 

Dimanche 2 juillet

Communiqué de l’observatoire de volcanologie

 

Aux alentours de 17h50, une nouvelle fissure s’est ouverte sur le flanc sud-est du volcan à l’intérieur de l’Enclos Fouqué.

Deux sites éruptifs sont en activité, l’un à 2000 m d’altitude sur le flanc est et l’autre sur le flanc sud-est sur les hauteurs des Grandes Pentes. Même si les débits éruptifs en surface restent faibles (< 5m3/sec), l’activité en profondeur se maintient. Depuis le début de l’éruption, une forte activité sismique est toujours enregistrée.

 

Photographie Eric Serveaux

 

Ainsi, 1156 séismes volcano-tectoniques superficiels sous le sommet et 38 séismes volcano-tectoniques profonds sous le flanc est ont été enregistrés entre 9h et 18h heure locale. Cette activité sismique est accompagnée par l’observation de nombreux signaux longue période témoignant d’une circulation magmatique toujours active en profondeur.

Le 4 juillet, le front de coulée se situe à environ 2 km de la RN2, à une altitude avoisinant 1800 m.

 

Mercredi 5 juillet: LE FRONT DE COULÉE TOUJOURS A 2 KM DE LA RN2

 

Source OVPF-IPGP

La première fissure est inactive. Le front de coulée de la fissure sud-est a très vite progressé en direction de la RN2 en descendant les grandes pentes très abruptes, la progression sur un terrain plus plat est désormais moins rapide (40m/h). L’activité est stable et les débits de lave expurgés oscillent entre 5 et 20m3/s.

Les seuils d’alerte à la pollution au dioxyde de soufre ont été dépassés sur la station de Bourg-Murat, l’ARS recommande donc qu’en cas de gênes respiratoires ou cardiaques, d’irritation de la gorge ou des yeux, sur les zones précitées ainsi qu’à la Plaine des Cafres et à la Plaine des Palmistes, de s’en éloigner et de consulter un médecin.

La seule fissure active occasionne dès lors la formation d’un cône éruptif bien visible sur cette photo aérienne et ce cliché pris sur place par notre ami Philippe Seychelles

 




Dès lors, l’activité de la fissure éruptive ne va pas beaucoup évoluer: le débit de lave mesuré par les scientifiques de l’observatoire de volcanologie ne dépasse pas les 10 m3/s, les projections de lave finissent par disparaitre totalement car le cône se referme petit à petit. Le front de coulée reste cantonné à 1300 m d’altitude le 25 juillet. Depuis la RN2, le spectacle reste très beau de nuit…quand la météo souvent maussade permet d’observer ce beau spectacle.

 

 

Photographie de Alex Ctn Photography en date du 23 juillet

Un final en douceur…

 

La météo pluvieuse de cette fin de mois de juillet se confirme début août, le trémor ne cesse de baisser et l’activité est de moins en moins visible sur le terrain

 

Le 10 août à 5h, l’éruption s’achève après la traditionnelle phase de gaz piston (explosions dues à des évacuations très sonores de gaz).

Cette première éruption de l’année 2023 est donc terminée.

Nous vous présentons ci-dessous quelques vidéos de cette éruption

Plan pour vous situer dans la région du volcan

 

UNE ÉRUPTION TRÈS ATTENDUE…

 

Photographie Olivier LUCAS-LECLIN
Depuis bientôt 8 mois, le réservoir magmatique se remplit progressivement, et depuis quelques semaines la sismicité ne cesse de croitre ; cela signifie que ce même réservoir va se fragiliser, et qu’une éruption pourrait se produire assez rapidement…. Les scientifiques de l’observatoire de volcanologie de la Plaine des Cafres nous informent régulièrement sur l’évolution de cette situation, et les appareils de mesure le confirment.
Le gonflement continu du volcan est observé depuis janvier, cela prouve que le magma monte et remplit le réservoir situé à 2 km à l’aplomb du Dolomieu. Reste à savoir quand cette éruption surviendra, et comme d’habitude il est impossible de prévoir quoique ce soit.
Toujours est il que les conditions sont réunies pour qu’une éruption débute prochainement. nous sommes le 31 août, tout n’est donc plus qu’une question de patience…




MERCREDI 7 SEPTEMBRE
PREMIÈRE CRISE SISMIQUE…

 

L’observatoire volcanologique du piton de la Fournaise (OPVF) enregistre depuis 16h54 une crise sismique. Cette crise est accompagnée de déformation rapide. Elle témoignage d’une fragilisation du milieu et indique que le magma quitte son réservoir magmatique pour se propager à la surface. Une éruption est probable à brève échéance dans les prochaines minutes ou heures.
LUNDI 19  SEPTEMBRE
DEUXIÈME CRISE SISMIQUE…ET ÉRUPTION!

 

Prise de vue du site éruptif, en date du 19/09/2022 en début d’après-midi (©PGHM)

L’observatoire volcanologique du piton de la Fournaise (OPVF) enregistre depuis 06h23 une seconde crise sismique. D’après les enregistrements de l’OVPF, la source de l’éruption est localisée sur le flanc sud sud-ouest, dans le secteur du cratère Rivals (situé aux alentours de 2200 m d’altitude).
Dans ces conditions, le préfet décide de déclencher la phase d’alerte 2-1 éruption dans l’Enclos sans menace particulière pour la sécurité des personnes, de biens ou de l’environnement; les choses se précisent… le trémor volcanique synonyme d’arrivée du magma à proximité de la surface est enregistré à 07h48 environ heure locale: la Fournaise est en éruption!




D’après les enregistrements de l’OVPF, la source de l’éruption est localisée sur le flanc sud sud-ouest, dans le secteur du cratère Rivals (situé aux alentours de 2200 m d’altitude). La RN 2 reste ouverte à la circulation.

 

Mardi 20 septembre à 18h: LA MÉTÉO NOUS JOUE UN VILAIN TOUR!

 

L’éruption se poursuit, mais la météo n’est hélas pas de la partie… pluie, vent et nuages en abondance, le spectacle est donc difficilement visible. L’activité a fortement diminué depuis la veille. La sismicité sous la zone sommitale est en baisse avec 24 séismes volcano-tectoniques enregistrés sur les dernières 24 heures (informations fournies par l’observatoire de volcanologie). Nous n’avons donc pas beaucoup d’informations nouvelles, ni de photographies car peu de gens se sont hasardés sur le site.

MERCREDI 21 SEPTEMBRE: ATTENTION AUX PARKINGS!

 

Après avoir admiré l’éruption la nuit précédente, une internaute nous écrit pour nous signifier sa colère; Hélas, les incivilités sont fréquentes au volcan comme ailleurs!
Selon Amandine « Les véhicules étaient garés des deux côtés du chemin sur la route. Conséquence des bouchons désastreux à l’aller entre 18h et 20h. Puis au retour vers 0h les gens étaient garés dans la plaine des sables…. croyant qu’ils ne pouvaient plus avancer. Bref les gens sont irrespectueux, et sur le parking foc foc on ne pouvait y rentrer tellement les gens s’étaient garés n’importe comment! j’espère que les gendarmes viendront pour que cela ne se reproduise pas. »
Nous savons que le site naturel du volcan (surtout depuis la Plaine des Sables), n’est pas adapté pour accueillir une foule aussi nombreuse, il est d’autant plus important de se garer le mieux possible car une seule voiture peut bloquer toute la circulation!…
Ce n’est pas la première fois, comptons sur le civisme et le bon sens de chacun pour que ce spectacle ne soit pas gâché par de monstrueux embouteillages.

Nous vous présentons ci-dessous quelques clichés de l’éruption du piton de la fournaise du 02/07/2023, réalisés tout juste 16 minutes après le début de l’activité éruptive!
Un grand merci à leurs auteurs, Eliza et Luca GIUSSANI, qui les ont gracieusement mis à notre disposition pour que nous puissions vous en faire profiter.

 » Photographies/Vidéo réalisée(s) par Eliza et Luca Giussani pour Dolce Cartolina – https://dcvisuals.fr « 

Vendredi 23 septembre: NOUVEAU PLAN DE CIRCULATION

 

La nuit précédente ayant été très compliquée pour la circulation, l’Office national des forêts et la mairie du Tampon ont décidé de prendre les devants pour éviter la pagaille ce week-end. La circulation sera régulée par la gendarmerie pour éviter des comportements parfois totalement incohérents, il sera interdit de stationner sur la route forestière. N’oublions pas qu’il y a 2 parkings de 300 places (Pas de Bellecombe) et 250 places (Foc-foc). Par ailleurs, les bus de plus de 23 places n’auront pas le droit de venir dans ce périmètre.

 

L’ÉRUPTION CONTINUE, ET LA MÉTÉO S’AMÉLIORE

 

L’activité a augmenté depuis hier, mais elle se stabilise à 20% de son activité initiale. Les projections de lave ne sont pas très hautes, une belle rivière de lave est observée au pied du cône éruptif. C’est une éruption modeste toujours bien visible depuis le sentier du Piton de Bert. Pour vous en convaincre, nous vous laissons admirer la magnifique vidéo de notre ami Olivier LUCAS-LECLIN.

Mercredi 28 septembre à 19h : UNE LÉGÈRE AUGMENTATION D’ACTIVITÉ

 

L’éruption se poursuit avec une légère augmentation du trémor (volume de lave). Le gonflement du volcan semble se confirmer et le débit mesuré est lui aussi en légère augmentation (entre 3,5 et 7 m3/s). Le front de coulée est stationnaire mais les deux bras se sont élargis; l’activité est peu visible en surface car l’écoulement de la lave se fait surtout en tunnel de lave (informations fournies par l’ observatoire de volcanologie de la Plaine des Cafres).

 

Samedi 1er octobre à 18h: LA FOURNAISE FAIT SON SHOW !

 

Depuis la veille, vendredi 29 septembre en soirée, les scientifiques de l’observatoire de volcanologie observent un regain d’activité notable qui se traduit par différents phénomènes:
– le trémor (émission de lave en surface) est en nette augmentation; les projections de lave sont plus abondantes
– 3 séismes ont été enregistrés hier
– un léger gonflement du sommet et de l’enclos du volcan est mesuré par les appareils
L’activité est bien visible, mais l’écoulement des rivières de lave se fait essentiellement en tunnel (la croute superficielle étant durcie). Le week-end s’annonce sous les meilleures auspices , Météo France prévoit un beau dimanche bien ensoleillé…mais très frais! (-autour de 3°C au Pas de Bellecombe).
Un grand merci à Philippe Seychelles pour cette très belle photographie.
3 octobre: L’éruption débutée le 19 septembre se poursuit
Communiqué de l’observatoire de volcanologie

 

« L’amplitude du trémor éruptif (indicateur d’une émission de lave et de gaz en surface) est restée stable au cours des 24 dernières heures. Son intensification depuis le 21 septembre est très certainement liée à une augmentation de pression au sein du cône éruptif et à l’origine de l’activité soutenue observée au niveau de l’évent éruptif (Figure 2).
– Au cours des 24 dernières heures, 75 séismes volcano-tectoniques ont été enregistrés à l’aplomb de la zone sommitale.
– Les données des stations GNSS permanentes de l’OVPF-IPGP ne montrent plus de signaux associés à une déformation significative de l’édifice.
Les images de la webcam de l’OVPF-IPGP située au Piton de Bert montrent :
– une activité de projection de lave qui reste toujours importante au niveau de l’évent éruptif ;
– l’évent secondaire, situé sur le flanc sud du cône, qui est faiblement actif (Figure 2) ;
– un dégazage important persistent au niveau du site éruptif (Figure 2) ;
– la majorité des écoulements de lave se font toujours par tunnels de lave au sein desquels de nombreuses résurgences sont visibles jusqu’à plusieurs kilomètres du cône éruptif (Figure 3).
Les estimations de débit de lave établies par méthode satellite sur les plateformes HOTVOLC (OPGC – université Clermont Auvergne) et MIROVA (Université de Turin) indiquent un débit moyen stable sur les dernières 24 heures de 10 m3/s (entre 4 et 20 m3/s selon la méthode) avec un pic enregistré à 33 m3/S. Sur les 5 derniers jours, les débits de lave estimés sont en augmentation conjointement à l’intensification du trémor observée à partir du 29 septembre. L’activité d’écoulement de lave se faisant désormais en partie en tunnel, ces estimations sont des valeurs minimales. »

Mercredi 5 octobre: ÉRUPTION TERMINÉE!

 

 

L’éruption qui a débuté le 19 septembre s’est arrêtée soudainement ce mercredi 5 octobre aux environs de 10h10. Plus aucune projection n’est visible.
« Aucune hypothèse n’est écartée quant à l’évolution de la situation à venir (pause de l’éruption, arrêt définitif, reprise de l’activité sur le même site, reprise de l’activité sur un autre site), compte tenu de la forte sismicité qui a été enregistrée ces derniers jours. » (communiqué de l’observatoire de volcanologie)
Ce même observatoire avait raison lors de sa conférence à la cité du volcan hier, les chercheurs se sont basés sur les statistiques en fonction de la situation géographique des éruptions depuis 1979: cette éruption pouvait logiquement s’achever aux environs du 14 octobre (la durée moyenne des éruptions de ce type étant évaluée à 26 jours.)
Rien n’est figé, cette éruption peut reprendre très rapidement, la Fournaise nous a habitué à de nombreux rebondissements…

 

Le cône volcanique de l’éruption du 19 septembre au 5 octobre 2022, baptisé « Piton Tikal »
Communiqué du vendredi 28 octobre

 

 

« La Cité du Volcan, l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise et le Parc National de La Réunion, sont heureux de vous annoncer le nom de baptême du nouveau cône volcanique, résultant de l’éruption du 19 septembre au 5 octobre 2022.
Pourquoi le choix de ce nom ? Ce nom renvoie aux contes et légendes de La Réunion associés à Gran Mèr Kal. Dans ces différentes « zistwar » il est parfois fait référence à son fils, sous le nom de Ti Kala ou Tikal.
Ce nouveau cône volcanique s’étant construit à proximité du Piton Kala Pélé, avec une forme relativement identique, c’est tout naturellement que ce nom est apparu.
En pleine « somèn kréol » et à la veille de la Fèt Gran Mèr Kal, le choix de ce nom semble d’autant plus pertinent. »

Retour en images sur cette première éruption de l’année 2022 …

Plan pour vous situer dans la région du volcan

 

PLUSIEURS MOIS DE GESTATION…

 

Crise sismique du 18 octobre…

 

Depuis le 20 septembre, la sismicité est en nette hausse. Cette recrudescence d’activité est accompagnée d’autres constats :
• Une inflation de l’édifice (gonflement de la voute dû à l’augmentation de la pression souterraine)
• Davantage de CO2 dans le sol

Contrairement à ce que nous pouvions penser, cette tendance ne va pas se traduire rapidement dans les faits…il faudra encore attendre 3 mois pour que l’éruption survienne!

Le 18 octobre, une crise sismique débute; entre 04h33 et 16h00 heure locale, 627 séismes volcano-tectoniques et 176 séismes de type longue période ont été enregistrés par l’OVPF.
Le lendemain, la crise cesse…

Le 17 novembre, l’activité volcano-tectonique sous le Piton de la Fournaise est marquée par nouvelle une crise sismique entre 18h12 et 18h26, sous la zone sommitale. Au total 42 séismes volcano-tectoniques superficiels localisés sous la bordure nord du cratère Dolomieu sont enregistrés (aucune déformation rapide de la surface du sol, ce qui signifie que le magma n’a pas quitté le réservoir magmatique superficiel.
Suite à cette crise sismique, une augmentation de la sismicité sous la zone sommitale est enregistrée à partir du 22 novembre, avec une moyenne de 6 séismes par jour jusqu’au 22 décembre…




MERCREDI 22 DÉCEMBRE
CRISE SISMIQUE ET ÉRUPTION!

 

« Suite à une crise sismique détectée aux environ de 01h15, le trémor volcanique synonyme d’arrivée du magma à proximité de la surface est enregistré depuis environ 03h30. D’après les enregistrements de l’OVPF, la source de ce trémor est localisée sur le flanc sud dans l’Enclos.
Aucune confirmation visuelle d’un début d’éruption n’a pu être faite pour l’instant en raison des mauvaises conditions météorologiques. Néanmoins la présence d’un trémor montre l’émission de gaz chauds et incandescents en surface, et de la possibilité d’émission de lave à court terme. »

Le communiqué de la Préfecture arrive en début de matinée, les instruments de l’observatoire se sont affolés en pleine nuit, l’éruption attendue depuis le mois d’octobre arrive enfin! elle est localisée dans l’enclos, en face du Piton de Bert, à proximité du cratère Chateau-Fort, et se traduit par 4 fissures de fontaines de lave (Photos de François Martel-Asselin)




L’éruption est facilement visible depuis le Piton de Bert, en marchant depuis le parking Foc Foc; il faut compter environ 1h30 de marche facile.

 

Très rapidement, l’activité se focalise sur une seule des quatre fissures, et un cône éruptif est déjà en train de se former. Les chercheurs de l’observatoire de volcanologie nous donnent les informations suivantes le 23 décembre: « Avec la décroissance des premières fontaines de lave, l’amplitude du trémor éruptif (indicateur d’une émission de lave en surface) a fortement diminué au cours de la journée d’hier, et s’est stabilisée aujourd’hui à environ 30% de son amplitude initiale ».

La coulée de lave en graton a parcouru 2,2 km depuis son point d’émission (et se situe à 2000 m d’altitude environ). Le front de coulée se situe à 550 m du rempart sud, 3,2 km du haut des grandes pentes, 8,1 km de la route, et 9 km de l’océan.

Dés le premier jour, la météo est maussade. Les scientifiques auront peu accès au site les jours suivants, et et la population ne pourra pas beaucoup profiter de cette éruption car les conditions météorologiques vont vite se dégrader, et seront souvent exécrables jusqu’à la mi-janvier…

 

Très vite, à la faveur de la fermeture du cône éruptif, une activité en tunnels de lave se met en place au pied du cône. Ces tunnels s’étendent sur une longueur d’une centaine de mètre avant que la coulée ne ressorte en un chenal unique plus en aval.
Les fontaines de lave sont faibles et peu spectaculaires. Elles dépassent rarement l’extrémité du cône éruptif et sont donc modestement visibles depuis le Piton de Bert (Photo Insulae photography).

 

Photos de Vincent Dunogué

Au fil des jours, l’amplitude du trémor éruptif  fluctue beaucoup, l’amplitude du trémor se situe à environ 30% de son amplitude initiale.
L’activité en tunnel de lave se poursuit également, avec des résurgences ponctuelles de coulées. La coulée principale ressort une centaine de mètre plus en aval. Les fontaines de lave au sein du cône sont faibles et ne dépassent la hauteur du cône (<15 m) que de manière intermittente…
Le front de coulée progresse de moins de 100 mètres entre le 24 et le 26 décembre, et quand on arrive aux premiers jours du mois de janvier, la situation est identique: le front de coulée s’étale mais ne se rapproche pas des grandes pentes, on n’a donc peu de chances de voir la lave se diriger en direction de l’océan Indien.

Le 3 janvier, à la faveur d’une météo plus clémente, notre ami Philippe Seychelles a pu nous envoyer ce cliché qui donne une bonne idée de l’éruption à cette date.

 

LE POINT APRÈS 3 SEMAINES D’ACTIVITÉ

 

L’éruption qui a débuté très calmement le 22 décembre dernier, gagne en intensité au fil des semaines. Les informations fournies par l’observatoire de volcanologie de la Plaine des cafres sont très parlantes. Malgré une météo très mauvaise, on a pu constater que le lac de lave contenu dans le cône éruptif débordait occasionnellement en fonction des ouvertures des tunnels de lave.
Les coulées qui sortent du cône sont bien visibles et spectaculaires, mais le front de coulée n’a pas beaucoup progressé, il reste cantonné sur des pentes douces au pied du rempart de l’enclos Fouqué et n’a toujours pas atteint les grandes pentes inclinées à 40%. La sismicité reste assez importante, la zone sommitale est en déflation (vidange du réservoir magmatique).

Cette éruption relativement « tranquille » va bientôt comptabiliser un mois d’activité. Notre ami Olivier Lucas-Leclin nous envoie à la mi-janvier de très belles photographies (cf. ci-dessus) et trois magnifiques vidéos filmées avec un drône, accompagnées de ce commentaire : « La Fournaise a eu la bonne idée de bien nous faire commencer l’année, en cette période compliquée…Le volcan est étranger aux vicissitudes de notre temps, et c’est fort bien ainsi… ».

Un grand bravo à lui pour ce très beau travail, les images sont saisissantes…

LUNDI 17 JANVIER
Communiqué de l’OVPF-IPGP  Arrêt de l’éruption

 

L’éruption débutée le 22/12/2021 à 3h30 heure locale s’est arrêtée ce jour, le 17/01/2022 à 2h10 heure locale (22h10 heure TU), suite à l’arrêt brutal du trémor volcanique. Aucune hypothèse n’est pour l’instant écartée quant à l’évolution de la situation à venir (arrêt définitif, reprise de l’activité sur le même site, reprise de l’activité sur un autre site), compte tenu de signaux sismiques qui sont toujours observés sous le sommet.

Une fois encore, cette éruption se termine soudainement, comme si l’on avait fermé un robinet! reste à savoir ce qui se passera désormais. Cette éruption modeste dans ses dimensions (volume de lave expurgé, localisation…) laisse pense que l’on n’en restera pas là… Nous n’avons pas eu une grosse éruption ces dernières années, la chambre magmatique n’est certainement pas complètement vidangée. Suite…à la prochaine éruption!

Le cône volcanique baptisé Piton Karay

 

 

La nomination des cônes volcaniques se faisant de manière collégiale entre l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise, le Parc national de La Réunion et la Cité du Volcan, le nom de « Karay » a été retenu. Ce nouveau cône sera donc connu sous l’appellation de Piton Karay.
Pourquoi le choix de ce nom ?
Le choix de ce nom a été orienté par la forme en marmite hémisphérique du cône volcanique. Lors de l’éruption, il a notamment hébergé un lac de lave débordant à plusieurs reprises des bords du cratère.
Le mot Karay désigne en créole réunionnais une marmite de forme hémisphérique (similaire à un “wok”) avec deux anses sur les côtés. En Inde, cet ustensile de cuisine est généralement appelé “karahi” (du sanskrit kaṭāha) qui fut par la suite créolisé en “caraye” (karay en graphie KWZ). Ce choix de nom permet également d’honorer la mémoire des engagés indiens, qui ont enrichi la langue réunionnaise avec des mots tels que Karay.

Retour en images sur sur cette 2ème éruption de l’année 2021 …

Retour en images sur l’éruption précédente du mois de mars, première éruption de l’année 2021 …

Plan pour vous situer dans la région du volcan

 

JEAN LUC ALLÈGRE est un ami de longue date, mais ce n’est pas uniquement à ce titre que nous relayons son actualité. Il vient de créer son nouveau site internet https://www.jeanlucallegre.com/ que nous vous incitons vivement à découvrir; les galeries photos y sont absolument somptueuses.
Photographe professionnel de renommée, il s’est toujours passionné pour la nature et les sciences de la Terre. Né dans la Creuse, il vient à la Réunion dès 1983 et se passionne bien évidemment…pour la volcanologie et le Piton de la Fournaise.
Depuis de nombreuses années, il parcourt la planète pour photographier les volcans du monde entier; si la crise covid le lui permet, il devrait prochainement partir pour un long périple international…

Aline Peltier, Directrice de l’Observatoire de volcanologie de la Réunion

(Photographie de l’Express de l’Ile Maurice)

 

 

L’observatoire de volcanologie de la Réunion vient de fêter ses 40 ans, nous avons souhaité prendre un peu de recul avec sa Directrice, Aline Peltier, pour mieux comprendre l’évolution du travail des scientifiques de la Plaine des Cafres. C’est aussi l’occasion de faire un bilan et d’envisager l’avenir de cette structure.




Fournaise.Info : Qu’en est-il du projet d’un nouvel observatoire ? ce projet est-il toujours valide ?
Aline Peltier : Oui, la volonté est triple : la ville du Tampon souhaite que l’on reste sur Bourg-Murat, soit à l’emplacement actuel, soit en se rapprochant de la Cité du Volcan, sur sur un terrain de l’ONF à proximité. La Région Réunion et l’Etat sont également favorables à ce projet.

FI : et vous, que préfèreriez-vous ?
AP : se rapprocher de la Cité du Volcan nous semble très pertinent, car nous pourrions établir des passerelles et mutualiser nos compétences ; nos interventions avec les scolaires seraient aussi facilitées.

FI : un projet architectural est il déjà établi ? est il proche du magnifique observatoire des Antilles ?
AP : Non, rien de tout ça ! Le Maire du Tampon n’a pas apprécié l’esthétique de l’observatoire antillais (très moderne et futuriste) ; par ailleurs, les financeurs ne se sont pas encore concertés pour établir ce projet…

 

L’observatoire de volcanologie de Guadeloupe

 

FI : Aline, depuis combien d’années travaillez vous à l’observatoire ?
AP : je fais parte du personnel depuis 2013, mais je suis venue dès 2003 en tant qu’étudiante.

FI : si on prend un peu de recul, pourriez vous nous dire ce qui a changé dans vos activités ? l’évolution des techniques d’étude, le volume de travail…
AP : Le nombre de stations installées a considérablement augmenté depuis 2007 (suite à l’effondrement du Dolomieu) ; cela donne un travail supplémentaire d’installation et d’entretien sur le terrain. Mais bien sur…le personnel n’a pas beaucoup augmenté ! nous avons donc eu une surcharge de travail importante. En plus des activités de surveillance de la Fournaise, nous participons à de gros projets d’étude, et notamment des projets européens.
Et depuis peu, patatra ! arrive le volcan de Mayotte ! naissance d’un volcan et surveillance de son activité dans un site habité… Pour cela, 4 nouvelles personnes ont été engagées ; ces 4 techniciens travaillent aussi bien sur le volcan de Mayotte que la Fournaise, mais le travail est multiplié par 2 ! prenons l’exemple de la personne de garde : chaque jour elle relève les informations des 2 volcans ; autrefois on y passait environ 2 heures, maintenant c’est 3 ou 4 heures…

FI : et à Mayotte, le volcan est il déjà très appareillé ?
AP : j’ai fait le bilan dernièrement, nous avons 9 GPS, une dizaine de sismomètres, une station chimique, et les sismomètres de fond de mer qui ne sont pas traités en temps réel, ils sont remontés régulièrement. Et actuellement, il y a un gros projet de stations sous-marines permanentes jusqu’à 5 km du volcan (où l’on observe un fer à cheval et des panaches de fumée…)

 

Le lac Dziani est le vestige d’un des derniers cratères volcaniques de Mayotte (éteint il y a environ 500 000 ans). C’est à son pied, à une cinquantaine de kilomètres du rivage et 3,5 km de profondeur, qu’est apparu le nouveau volcan sous-marin début 2019

 

FI : Et le projet Hatari ? pouvez vous nous en parler plus précisément ?
AP : Ce projet est destiné à mieux appréhender l’archipel des Comores dans son ensemble ; pour comprendre Mayotte il faut comprendre l’ensemble des Comores. Nous souhaitons mettre davantage de surveillance sur les petites Comores et en rajouter sur la grande Comore.
Concernant Mayotte, on a longtemps cru que c’était un point chaud, mais les derniers travaux scientifiques auraient tendance à prouver que c’est une discontinuité lithologique ou une limite de plaques. L’état a fait confiance à l’IPGP via l’observatoire de volcanologie, pour surveiller un volcan et une éruption effusive très importante…cela prouve aussi que l’on a l’expertise pour effectuer ce suivi à distance.

FI : Au fil des années, les informations fournies par l’observatoire sont de plus en plus précises ; pour quelles raisons ?
AP : L’installation de nombreux sismomètres dans de nombreux territoires a permis d’obtenir beaucoup plus d’informations. Par exemple, à la Roche écrite, on ne savait pas qu’il y avait de la sismicité jusqu’à ce que l’on installe une station.

FI : Avec quels observatoires travaillez vous régulièrement ?
AP : Principalement avec celui d’Hawaï. Nous effectuons régulièrement des échanges de personnels, chaque année une personne d’Hawaï vient à la Réunion, et inversement. J’ai personnellement beaucoup travaillé à comparer les 2 volcans avec le GPS. Hélas, depuis le covid, ces échanges sont en stand-by…

FI : Depuis 20 ans, quel a été l’apport de l’informatique dans votre travail ?
AP : Le plus gros changement s’est fait sentir au niveau des astreintes : jusqu’en 2007, la personne concernée devait monter à la Plaine des Cafres et dormir sur un lit de camp ! depuis l’arrivée de l’informatique, la personne d’astreinte a accès à toutes les données depuis son domicile. La crise Covid a d’ailleurs permis de travailler en télétravail et de valider une nouvelle manière de fonctionner à distance ; même chez les volcanologues !
Les données informatiques sont beaucoup plus nombreuses et faciles à stocker sur des disques durs (et non pas sur du papier comme autrefois) ; on peut donc facilement les réutiliser, établir des modèles…
Depuis les années 2000, l’arrivée du GPS et des stations chimiques (concentration des gaz dans l’air et sous terre) et l’aide des satellites permettent des progrès rapides gigantesques.

FI : Quel est le rapport entre votre volume d’activité et le personnel de l’observatoire ?
AP : Nous sommes actuellement une quinzaine, et il faudrait que nous soyons deux fois plus nombreux pour surveiller ces deux volcans. A HawaÏ, ils sont 30, sur l’Etna ils sont 100 !

 

L’entretien des stations sur le terrain, un travail quasi quotidien

 

FI : Quelles en sont les conséquences ?
AP : Du coup, il faut prioriser nos projets. Pendant la dernière éruption, il y a eu pas mal de dégâts dus à la foudre et aux intempéries, nous avons donc beaucoup réparé sur le terrain. On a de ce fait mis en veilleuse un projet d’étude et de surveillance par drones qui va nous demander du temps. Il faudrait que l’on ait une année « blanche » pour pouvoir avancer.

FI : Mais depuis quelques années, vous n’avez pas souvent le temps de souffler !
AP : c’est vrai, 3 ou 4 éruptions par an, on ne chôme pas ! Depuis l’éruption de 2007, le système s’est effondré et l’édifice n’est plus cohésif. Les vidanges restent assez faibles ; pour vous donner une idée, si l’on compare le volume de lave de la dernière éruption d’avril 2021 avec celle de 2007, il y avait eu 20 fois plus de lave en surface (200 millions de m3). Cela explique ces nombreuses « petites éruptions » beaucoup moins importantes que celles qui ont précédé 2007.

FI : Dans un autre domaine, la rapidité de la circulation de l’information sur les réseaux vous pose t’elle problème ?
AP : (rires !…) Oui biensur, nous n’avons pas le droit de communiquer sur certains sujets car c’est la Préfecture qui communique en direction de la population. Quand un petit malin veut annoncer avant tout le monde que la Fournaise est en éruption, cela peut être lourd de conséquences… les internautes de plus en plus friands de grandes sensations vont vouloir aller très vite sur le terrain ; mais si la gendarmerie n’a pas le temps d’anticiper (sécurisation du site, barrières, centre de secours…) les gens peuvent faire n’importe quoi et prendre des risques… Les jeunes générations veulent faire le buzz, c’est à qui aura dit le premier « le volcan a pété ! »…




REMERCIEMENTS

En premier lieu, nous tenons à remercier la Région Réunion

et les généreux donateurs qui nous ont aidé à reconstruire ce site :

Vincent Bailly – Ladislas Achard – Gaetan Angebaud – Ingrid Armbruster – Edwige Barbottin – Flavie Beguet – Yannick Bellon – Marie Christine Blaise Graff – Armelle Blanc – Sylviane Boissimon – Bernadette Bonnefoux – Laurent Bouyeux – Shirley Bricquet-Galmar – Nicolas Caillot – Ben Celui Ci – Eric Chahi – Isabelle Chastain – Gilles Chauveau – Dorianne Damour – Barry et monique Davis – Ma Delon – Emmanuelle Denis – Cathy Deprez – Emmanuelle Duchemann – Jean Pierre – Dupont – Sebastien Durand – Philippe Eloy – Jacques Enxérian – Jean Laurent Etheve – Vincent Fessler – Stéphane Gannat – Marion Giffo – Benoit Gueffier – Michel Hänggeli – Jean-Michel Hardin – Jean-Pierre Joly – Estelle Lachaud – Marie Louise Lallemand – Henri Laurent – Stephane Lelong – Patrick Lepinay – Andre Lerasle – Bruno Loubatié – Frédéric Machu – Florent Marechal – Jean-Michel Marechal – Nadine Martin – Alixia Maury – Laurent Mehl  – Jacques Métayer – Jerome Minost – Ridwan Moussajee – Cécile Mt – Gérard Mussier – Timothy Nelson – Thomas Notter – Daniel Olivier – Denise Pagnano – Renaud Payet – Aurore Payet – Laurent Petit – Roger Plana – Emilie Pochard – Didier Raspail – Benjamin Rauber – Laurence Rouffet – Vincent Rousseaux – Karl Roy – Delphine Smittarello – Alexandre Thorel – Clement Trapateau – Peter Vetter

Un grand merci à TIMAOUL pour sa magnifique photo du volcan en éruption en octobre 2015 (page d’accueil) et à tous les photographes qui nous confient gracieusement leurs clichés, à l’Observatoire de volcanologie (Aline Peltier et Philippe Kowalski) pour leur disponibilité, RANDO-VOLCAN (Vincent Cheville et Rudy Laurent) nos précieux guides passionnés, le Journal de l’Ile de la Réunion avec lequel nous sommes en partenariat depuis 2002, nos amis François Martel-Asselin et Jean Luc Allègre qui nous ont beaucoup aidé au fil de ces 20 années d’existence.

 

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