Hommage à Katia et Maurice Krafft

Hommage à Katia et Maurice Krafft

Maurice et Katia Krafft ont marqué l’histoire de la volcanologie française; souvent présents sur notre île pour étudier les éruptions de la Fournaise, ces deux scientifiques se sont faits de nombreux amis à la Réunion et ont largement contribué à la réalisation de la Cité du volcan de la Plaine des Cafres.

 

Petit à petit ils deviennent célèbres grâce à cette incroyable banque photographique constituée au fil des années : 4 600 volumes écrits dans toutes les langues, des centaines de rouleaux de films, 300 000 photos et diapositives magnifiques, 300 heures de film, des dizaines de tableaux de peinture et d’aquarelles sur le thème des volcans.



Les « diables des volcans » comme les surnommaient leurs collègues américains sont également auteurs de nombreux livres vendus et reconnus dans le monde entier. Devenus volcanologues professionnels ils financent leurs nombreuses expéditions grâce à ces images. Maurice Krafft disait: « Je suis un volcanologue errant qui est obligé de filmer pour pouvoir errer ».

Carnet de notes de Katia Krafft exposé à la Cité du volcan

 

Leur plus longue mission d’étude dure 6 mois, qu’ils passent à faire le tour de tous les dangereux volcans explosifs d’Indonésie, à la demande du gouvernement et de l’UNESCO. Ils partent sur les volcans-écoles des îles Eoliènnes, Stromboli et Vulcano et vont apprendre à courir vers le danger pour éviter les bombes volcaniques et à se méfier des costumes trop lourds qui empêchent de fuir. Maurice crée une équipe, l’équipe Vulcain, composée d’une poignée d’apprentis scientifiques, de porteurs et d’amateurs de volcans, équipe qui n’aura qu’un temps car très vite ils se retrouvent en tête-à-tête… Katia travaille sur la logistique et, grâce à la bourse de la vocation, met au point le premier analyseur de gaz portatif, le chromographe. Elle dépose un sujet de thèse qu’elle ne finira pas, Maurice non plus ne choisit pas la voie classique de la recherche à l’université. Science encore jeune, la volcanologie apparaît dans les années 60 comme un espace de pionniers dans lequel les Krafft se sont engouffrés.

 

 

Maurice Krafft et Katia Conrad, respectivement nés en 1946 et 1942,

se rencontrent sur les bancs de l’université de Strasbourg (DEA de géologie pour Maurice et maîtrise de géochimie pour Katia),

ils se marieront et visiteront plus de 150 volcans pendant une vingtaine d’années !

 

Après l’éruption du Mont Saint-Helens (chaîne des Cascades, Etats-Unis) le 18 mai 1980 qui tua un de ses collègues américains, Maurice se spécialise sur les volcans explosifs, dits les volcans « gris », qui sont aussi les plus dangereux. Sa dernière grande oeuvre est la réalisation d’un film sur les risques volcaniques, car il a été très choqué par la catastrophe du Nevado del Ruiz en Colombie qui ensevelit la ville d’Armero et ses 22 000 habitants le 13 novembre 1985. Il réunit des photos, images, sons et animations choc afin de sensibiliser les populations et les autorités sur les dangers que représentent certains volcans. Une semaine plus tard, le Pinatubo (Philippines) entre en éruption (Une explosion de 40 km de haut qui fait 300 morts). 300 000 personnes ont accepté de partir après avoir visionné un film sur les risques volcaniques : celui de Maurice Krafft.

 

Le 3 juin 1991, sur les flancs de l’Unzen au Japon, les époux Krafft voient une dernière fois le phénomène qui passionnait tant Maurice: les nuées ardentes. Ils n’ont pas pu louer d’hélicoptère (tous réquisitionnés par la presse). Ils n’ont donc pas pu voir que la route sur laquelle ils se trouvent ce jour là à 15 h 58 se situe au beau milieu du passage de la coulée pyroclastique… Ces nuées ardentes dévalant les pentes de l’Unzen recouvrent de cendres ces deux vies d’exception…

Retrouvés deux jours plus tard, leurs corps sont déposés dans le Temple Anyoji de Shimabara.

« La vie ne vaut d’être vécue que tant qu’elle vous consume »

 

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Luc Souvet

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