Jeudi 12 août 2004
L’observatoire volcanologique de la Plaine des Cafres enregistre des séismes de plus en plus fréquents et de magnitude de plus en plus forte, jugeant l’éruption imminente la préfecture décide de fermer l’enclos au public dés 18h. Séismes plus nombreux et plus puissants, les signes ne trompent pas …
Vendredi 13 août vers 2 heures du matin, la Fournaise est en éruption !
L’éruption n’est pas très violente, les fontaines de lave ne sont pas mesurées précisément, mais les adorateurs habituels de la Fournaise ne sont pas autrement ébahis. De la faille extérieure au cratère Dolomieu jaillit le magma, rouge, liquide, bouillant.
La coulée s’étend très rapidement sur plus de deux kilomètres, à la faveur des grandes pentes dans lesquelles la lave descend à toute vitesse. La lave a gagné en une journée plus de 400 m de dénivelé pour se situer mercredi 18 août à l’altitude de 370 mètres.
Les coulées parviendront elles à atteindre la route ? il faut rester vigilant et surveiller de très près l’évolution du phénomène
Dimanche 22 août vers 15h :
La lave traverse la RN2 légèrement au sud de la vierge au Parasol. Malgré une météo assez pluvieuse, une foule très nombreuse s’est amassée derrière les barrières de la gendarmerie ;
le champ d’observation de ce magnifique phénomène est donc relativement limité.
Quatre langues de lave traversent la route, une seule coulée a parcouru 350 mètres dans la partie de forêt du Grand-Brûlé située entre la route nationale 2 et la mer, elle se dirige vers l’océan indien mais la densité de la végétation ralentit sa progression.
Thomas STAUDACHER (Directeur de l’Observatoire de volcanologie) pense que « la rencontre du feu et de l’eau » pourrait avoir lieu dés le lendemain, les paris sont ouverts…
Mercredi 25 août vers 5h du matin :
La première coulée se jette dans l’océan sous le regard de quelques rares privilègiés. La lave très liquide est descendue rapidement car le trémor n’a cessé de progresser (le débit a doublé en une semaine). Une deuxième coulée de lave rejoint la précédente dans l’après-midi ! Les énormes nuages de fumée parfois toxiques sont hélas ramenés par des vents défavorables vers l’espace dégagé par l’ONF; conséquence directe: l’accès à ce point de vue est alors interdit au public du côté de St Philippe…
Vendredi 27 août, des embouteillages monstres paralysent totalement les abords de Ste Rose et de l’enclos, des navettes gratuites sont mises en place, l’affluence est telle que gendarmes, pompiers et agents de l’ONF sont complètement débordés par les quelques 10 à 15 000 personnes présentes !
L’observatoire volcanologique indique que le tremor volcanique poursuit son intensification progressive.
Un évènement aussi imprévisible qu’exceptionnel survient le mardi 31 août :
Photo André LERASLE
Un hornito est apparu au bout de la plate-forme de la première coulée (visible depuis Ste Rose) …dans l’océan. Ce cône de dégazage assez actif et spectaculaire projette de la lave et des jets de vapeur (on a un moment cru que c’était un nouveau cône éruptif!). Thomas Staudacher, ne cache pas son émoi car il n’a jusqu’alors jamais assisté à un tel phénomène.
Côté sentiers, c’est le blackout :
les 2 sentiers sont actuellement interdits au public car la situation évolue trop rapidement pour pouvoir garantir la sécurité des randonneurs, un affaissement de terrain et de nouvelles coulées sont également possibles.
Jeudi 2 septembre vers 19h15: l’éruption est stoppée net…mais elle reprend deux jours plus tard ! On croyait cette dernière et magnifique effusion terminée mais il n’en n’est rien.
Samedi 4 septembre : les gendarmes de permanence remarquent des laves rougeoyantes au dessus des grandes pentes, tous ont pensé à des restes de cette dernière éruption…mais les appareils de surveillance n’ont pas le même avis: le trémor reprend.
Tout au long du week-end cette activité ne cesse de croître, dés le début de matinée des coulées importantes apparaissent dans les hauts à une altitude avoisinant les 1500 mètres. Cette lave encore très liquide parcourt beaucoup de chemin en quelques heures car elle est déjà visible de la RN2… mais le jeudi 9 septembre vers 4h du matin, l’éruption se termine soudainement.