GENATHENA
Exposition « Bulles de rêve »
BIOGRAPHIE
Geneviève Alaguiry, de son nom d’artiste Genathena, diplômée d’un DNSEP en 2010 à l’Ecole Supérieure d’Art de La Réunion, et d’un Master 2 en Culture et communication à l’Université Paris 8 en 2011, est une plasticienne pluridisciplinaire.
Elle a su montrer très tôt de grandes qualités de dessin souvent sur des grands formats mais la découverte et l’expérimentation lui ont toujours permis de poser le regard sur les territoires en les explorant pour les représenter afin de développer une approche multiple du paysage. C’est ainsi au travers de son installation intitulée « Societance », réalisée en 2014 pour l’Exposition Internationale ARTtchipelago à l’Institut français de Rose Hill à Maurice, qu’elle questionnera les multiples temples naissant dans les jardins individuels lui inspirant une satire d’une société qu’elle considère comme « maladive », arrivée au terme de son achèvement. En passant simultanément du dessin à la photographie, de la performance à la vidéo et à l’installation, elle cherche à mettre en évidence les caractéristiques inhabituelles de la pratique artistique en les questionnant d’une manière contemporaine. En leur fournissant des thèmes mais aussi des modèles structurels, elle résiste à l’apothéose du visuel et de l’individualisme, au triomphe du simulacre et du banal en tenant compte de ses propres moyens et de ses limites – sur sa proximité au corps et à l’espace réel pour aborder avec plus ou moins d’optimisme ses possibles.
Son travail qu’elle qualifie d’ « humaniste » reste critique sur la relation qu’elle établit entre l’isolement des individus et le groupe au sein d’une société mondialisée, relation difficile voire interrompue évoquée dans son œuvre « Electroniasis » en collaboration avec l’artiste Opteema en 2013. Toutes ses expériences menées jusqu’ici témoignent de cette préoccupation active lui faisant prendre des risques physiques du corps qu’elle met en scène dans ses nombreuses performances, telle que celle réalisée pour le By Night en 2013 dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine à Saint-Denis, « Réseaux », ou encore « Je suis là » qu’elle performe à l’occasion de l’exposition collective « F.R.E.A.K.S. » en 2012 à Artsenik à La Réunion. Dans son parcours, elle développe tout un travail portant sur un imaginaire exacerbé, brouillant les pistes du réel et du fabuleux, imposant ses marques dans son exposition individuelle « Bulles de rêve » à l’Artothèque de La Réunion en 2014.
Archéologie du rêve ».
Photomontage couleur, 125x82cm, 2014 Photographie réalisée au Piton de l’eau (La Réunion)
Comme un temps perdu qui ne trouve d’existence que dans des réminiscences incertaines, « Archéologie du rêve » nous dévoile des bribes d’imaginaire… Des bulles s’échappant de cette eau calme et silencieuse, à l’orée du Piton de l’eau, lac volcanique, passage aquatique d’un monde à l’autre, d’une réalité à un imaginaire, ou du fabuleux qui prend toute existence. Ces bulles font surgir une statue, ancienne, imperturbable et intemporelle investie d’une légèreté surnaturelle… Le temps du rêve est de nouveau en marche, ces vestiges oniriques prennent place dans un paysage contemporain déjà chargé dune histoire, celle du voyage dans les profondeurs de l’âme, invitation à l’hypersensibilité de cette essence qui constitue tout Être humain, symbolisés par ces arums d’une pureté sans égal… Cette chimère au travers d’attributs du rêve, telles que ces bulles de voyage, nous entraine dans des lieux énigmatiques où sont en train de s’écrire de nouveaux mythes…
Chimaera »
Photomontage noir et blanc, 225x150cm, 2014 Photographie réalisée à la Plaine des Sables (La Réunion)
Être chimérique aux multiples attributs, nous conduisant vers cet ailleurs… Premier lieu de passage entre deux univers, nous maintenant dans un flottement… Les bulles parfois lourdes, d’autres fois légères semblent à la fois sortir de cette chimère, à la fois s’en emparer ou la constituer, lui conférant cette immatérialité. Toujours marquée par cette ambivalence sémantique, nous nous retrouvons perdu dans ce rêve… La chimère nous invite-t-elle dans une légèreté exquise ? Ou nous plonge-t-elle dans un abysse hors-champ mais pourtant bien présent dans tout le noir environnant ? Le caractère même ambigu de ce personnage nous ramène à nos états de rêve, parfois états de purs délices quand ailleurs, au même instant nous sommes confrontés à des états de pesante anxiété… Personnage attiré par la lourdeur de « bulles de plomb » au sol mais qui trouve une faculté aérienne dans la projection de son ombre ou dans les bulles qui remontent de ses bras… Tel ces états de rêve ou nous ne savons s’il faut suivre ou s’éloigner brutalement de ces chimères aux multiples visages…