Éruption du 7 décembre 2003

Éruption du 7 décembre 2003
QUATRIÈME ÉRUPTION DE L’ANNÉE!

Depuis la crise sismique du 6 novembre, l’observatoire volcanologique se tenait sur ses gardes alors que la préalerte était toujours en vigueur. Dimanche 7 décembre à 14 h 29 a débuté une nouvelle crise qui a débouché sur une éruption cette fois, à 15 h 35. Le magma est sorti sans grande difficulté … et sans témoins : le temps maussade qui régnait depuis la fin de la matinée avait ramené les derniers visiteurs vers le pas de Bellecombe. Il était impossible de dire précisément où la lave était sortie. Un survol tenté par la gendarmerie n’a pas abouti en raison de la couche nuageuse dense recouvrant le massif du piton de la Fournaise. Les gendarmes du Peloton de haute montagne venus en voiture depuis la Plaine-des-Cafres et partis à pied pour s’assurer qu’il n’y avait plus de randonneurs dans l’enclos n’ont pas plus vu le spectacle ! Après avoir fluctué, le trémor qui constitue en quelque sorte le pouls de l’éruption se maintenait à un niveau moyen, selon Thomas Staudacher, directeur de l’observatoire qui assurait la garde dans les locaux de Bourg-Murat.

Un gonflement persistant

 

La localisation de l’éruption, dans le sud-est du cratère Dolomieu, semble en tout cas conforter l’analyse faite par les scientifiques de la crise sismique du 6 novembre. La minutieuse campagne de mesures GPS effectuée tout récemment avait montré un gonflement du sommet (et des déplacements horizontaux de valeur similaire) atteignant 30 centimètres dans la zone sud-est du sommet, là où s’est produite l’éruption d’hier. C’est à l’aplomb de cette zone que s’était injecté le magma, qui y a “mitonné” un mois avant de se décider à sortir.

 

Depuis ces dernières semaines, l’observatoire enregistrait d’ailleurs entre dix et vingt séismes chaque jour et un gonflement persistant du volcan, preuve qu’il allait se passer quelque chose. Les scientifiques ne se livraient lundi soir à aucun pronostic sur la durée possible de la nouvelle éruption. Selon les premiers témoins, le niveau de l’activité semblait aller s’affaiblissant.

 

Deux bouches restent actives dans le Dolomieu

Après la réouverture de l’enclos vendredi 12 décembre, l’éruption du piton de la Fournaise se poursuivait. Des coulées étaient visibles dans le cratère Dolomieu, toutefois seules deux trois bouches actives continuaient de fonctionner. Des éléments du relief familiers aux observateurs disparaissent ainsi peu à peu du paysage, comme ce curieux édifice minéral planté dans le cratère : les torrents de lave déversés par l’éruption qui a débuté dimanche ont remblayé le Dolomieu sur plusieurs mètres d’épaisseur, n’en laissant plus émerger que la pointe…

L’éruption n’est pas visible du pas de Bellecombe. Attention, le parcours pour accéder à la zone d’observation au bord du Dolomieu est long de 9 kilomètres aller et retour. Il s’effectue sur un terrain par endroits difficile avec un fort dénivelé (150 m en descente et 400 mètres en montée à l’aller, l’inverse au retour … avec en prime les 400 marches du pas de Bellecombe). N’oubliez donc pas de vous munir d’un matériel adapté comprenant des chaussures de marche, des vêtements de rechange et de protection contre la pluie, de la crème solaire (même par temps couvert) ainsi qu’une lampe torche si besoin. Éviter d’emmener de jeunes enfants. Surtout ne pas oublier le plus important : les vivres et l’eau. Il est interdit de quitter le sentier balisé en raison de la fragilité des parois et du plancher du cratère où les risques d’éboulements et d’effondrements sont réels. Par ailleurs, rappelons que l’accès à l’intérieur du cratère Dolomieu est également formellement interdit.

Le Piton tout feu tout flamme

Le volcan manifeste depuis ce vendredi 12 décembre un débordement d’activité qui a laissé ses visiteurs sous le charme. Avec quatre bouches actives, de nombreuses coulées très larges et au débit soutenu, le spectacle était au rendez-vous. Mais cette quatrième éruption de l’année du piton de la Fournaise, entrée dans sa deuxième semaine, risque peut-être de bientôt s’achever ? Les scientifiques de l’observatoire volcanologique n’étaient pas loin en tout cas de le penser : ils ont enregistré à partir du samedi 13 et surtout au cours de la journée du dimanche des centaines de gas pistons, des événements correspondant à des remontées massives de bulles de gaz typiques des fins d’éruptions. Ces phénomènes, sans constituer des séismes, engendrent cependant des secousses telles qu’elles déclenchent les alarmes de l’observatoire.

Dimanche 14, de très nombreux marcheurs se sont lancés à l’assaut du sommet du volcan. Bien peu ont respecté les limites d’accès fixées au nord des cratères par l’ONF pour des raisons de sécurité, si bien que vers 12 h 30 une patrouille de gendarmerie a dû parlementer avec les visiteurs soucieux de découvrir vraiment le spectacle : depuis le bord opposé du cratère Dolomieu, on ne voyait pas grand-chose argumentaient certains. Les militaires leur ont donc rappelé que la paroi en surplomb de l’éruption est très instable et sujette à éboulements comme en témoignent les nombreuses fissures visibles dans ce secteur. En fin d’après-midi, le poste de secours tenu par les sapeurs-pompier et une équipe de la Croix-Rouge française n’avait semble-t-il pas fait l’objet de sollicitation particulière.

Fin de la quatrième éruption de l’année 2003

L’observatoire volcanologique du piton de la Fournaise a assisté jeudi, jour de Noël, au déclin final de l’éruption qui avait débuté le 7 décembre. L’activité a totalement cessé en fait vendredi, à 0 h 30. Les fissures éruptives qui se sont ouvertes dans le cratère Dolomieu, au sommet du volcan, avaient cessé de fonctionner très rapidement, en une douzaine d’heures à peine, une activité extrêmement réduite subsistant toutefois. Cependant, le 11 décembre, l’observatoire avait assisté à une reprise de l’éruption, trois hornitos émettant quelques projections mais surtout des coulées bien visibles depuis le bord du cratère. Le week-end du 13-14-15, au cours duquel l’enclos avait été rouvert au public, avait été marqué par une véritable recrudescence du spectacle, avec quatre petits cônes en activité et d’importantes coulées, toujours dans le cratère Dolomieu. Mais dès le lundi 16, l’enclos avait été de nouveau fermé en raison de l’apparition d’une sismicité laissant craindre une possible éruption phréatique. De toute façon, il n’y avait quasiment plus rien à voir désormais et, de fait, seuls quelques rougeoiments ont été observés depuis. Néanmoins, la préfecture a décidé de maintenir, pour les jours à venir, l’interdiction d’accès à l’enclos. En effet, selon l’observatoire, toutes les données disponibles indiquent que le volcan reste sous pression et que la fin de cette quatrième éruption de l’année 2003 ne signifie pas que le piton de la Fournaise s’est rendormi pour de bon.

2003, UNE ANNÉE TRÈS CHAUDE…

 

30 mai cratère (piton Kaf) : première phase dans le sud-ouest du cratère Dolomieu, à l’emplacement de l’effondrement de décembre 2002. Durée : trois heures. Deuxième et troisième phases, au même endroit exactement, les 4 et 13 juin (durée : environ quarante-huit heures) et formation d’un immense cône adossé à la paroi sud-ouest du cratère. Quatrième phase le 21 juin. Plus de la moitié du fond du cratère est recouverte de lave, sur une épaisseur estimée à une dizaine de mètres par endroit. Durée : dix-sept jours.

22 août (piton Payankë) : fissure éruptive dans le cratère Bory (quelques heures). Deuxième fissure à mi-hauteur sur le flanc nord du cratère Dolomieu, puis une troisième, plus bas. Le piton Kapor (éruption de mars 1998) y gagne un frère siamois qui l’absorbe presque. Eruption endeuillée par la mort d’un visiteur, victime d’une chute dans une fissure éruptive éteinte mais encore brûlante. Durée : six jours.

30 septembre : flanc sud-ouest du cône terminal du volcan. Durée : douze heures.

7 décembre : éruption au sommet du volcan. Auparavant, les 28-29 octobre des éboulements dans la paroi du cratère Dolomieu avaient déclenché la fermeture de l’enclos le 29. Le 6 novembre, une importante crise sismique n’avait pas débouché sur l’éruption attendue. L’enclos avait rouvert au public le 13, avec maintien de la préalerte.

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Luc Souvet

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