Éruption du 10 février 2020

Éruption du 10 février 2020
Lundi 10 février à 10h50
« PREMIÈRE ÉRUPTION DE L’ANNÉE »

 

Photo Daniel K.Cheong

 

Au mois de janvier 2020, l’OVPF enregistre beaucoup d’activité souterraine et en surface:

  • 258 séismes volcano-tectoniques superficiels (0 à 2 km de profondeur) sous les cratères sommitaux
  • 15 séismesprofonds (à 2 km de profondeur)
  • 167 effondrements (dans le Cratère Dolomieu et au niveau des remparts de l’Enclos Fouqué)

Deux crises sismiques sont enregistrées les 7 et 12 janvier, et l’on croit même que l’éruption va très rapidement débuter. Il n’en est rien, cette activité perdure encore en profondeur, jusqu’au lundi 10 février en début de matinée: une nouvelle crise sismique débute à 10h27 et va immédiatement engendrer la première éruption de l’année 2020.

Les conditions météorologiques étant particulièrement mauvaises, les chercheurs de l’observatoire volcanologique restent prudents, ils ne peuvent aller constater le phénomène sur le terrain, mais les enregistrements de l’OVPF sont formels: la lave est arrivée en surface, sur le flanc est du Dolomieu, à haute altitude.

 

Image ©OVPF/IPGP du 11 février




UN SPECTACLE DIFFICILE A VOIR…

 

Les premiers jours de cette éruption sont un peu compliqués, le temps est très mauvais (pluies et nuages abondants) et l’éruption est désormais bien identifiée à 1900 m d’altitude! on aperçoit des rougeurs et des coulées depuis la RN2 (quand on a de la chance) mais il faut bien admette que le spectacle n’est pas trop au rendez-vous.

Les chercheurs sont eux aussi « dans le brouillard » car les observations sur le terrain sont très compliquées, voir impossibles. On le saura quelques jours après la fin de l’éruption, Le 10 février, plusieurs fissures s’étaient ouvertes sur le flanc sud et sud-est; ces 2 fissures sur le flanc sud ne seront actives que les 1ères heures de l’éruption (©OVPF/IPGP).

 

 

On peut apprécier la qualité du travail fourni par les chercheurs en regardant de plus près les informations transmises chaque jour par Aline Peltier et son équipe. Voici une cartographie publiée le 12 février:

 

En rouge le contour des coulées de lave associées à l’épisode éruptif du 10/02/2020 déterminé à partir des données satellites acquises par la plateforme OI2 (Université Clermont Auvergne), en date du 10/02/2020 en soirée. En pointillé noir le contour approximatif du bras de coulée actif et visible lors du survol du 10/02/2020 13h15 (le sud et le sommet du cône terminal étaient alors sous les nuages). Pour comparaison, en vert le contour du champ de lave de l’éruption du 18/02/2019 et en bleu celui de l’éruption du 11-13 juin 2019 (© OPGC/LMV/OVPF/IPGP)

 

Il faut attendre le Jeudi 13 février pour que le beau temps revienne et que l’on puisse profiter pleinement de cette éruption, surtout la nuit. Désormais, le front de coulée stagne à une altitude de 1400 m et le débit de lave reste stable ; le seul bras Nord de la coulée (orienté vers l’est) reste actif.

L’éruption se poursuit donc avec une intensité de trémor relativement stable sur les dernières 24h.

L’amélioration des conditions météorologiques permet un accès au site éruptif à pied ainsi qu’un survol, les chercheurs font les constations suivantes:

  • Seule la coulée descendant vers l’est est encore active. Son front se situe vers 12h00 (heure locale) en contre-bas du cratère Marco vers 1900 m d’altitude, soit à environ 6,5 km de la RN2.
  • Un cône d’un moins de 30 m de haut, a débuté son édification autour des 3 évents restant actifs ce matin. Ces évents localisés à environ 2200m d’altitude, produisent des fontaines de lave modestes d’une hauteur de 10 à 15 m (au-dessus du cône volcanique en construction).

Les débits de surface estimés, à partir des données satellites via les plateformes HOTVOLC (OPGC – université d’Auvergne) et MIROVA (université de Turin), restent fortement perturbés par les mauvaises conditions météorologiques observées autour du Piton de la Fournaise. Les rares mesures effectuées, relèvent des débits inférieurs à10 m3/s.

 

Samedi 15 février

 

Une chute rapide du trémor volcanique est enregistrée à partir de 14h00 heure locale. Cependant, depuis 14h20 les scientifiques continuent d’enregistrer un trémor volcanique résiduel sur les 2 stations sismiques les plus proches du site éruptif.

Compte tenu des conditions météorologiques défavorables sur site, aucune observation visuelle ne peut être réalisée. En conséquence, il est impossible de confirmer ou non l’arrêt de l’activité éruptive du Piton de la Fournaise…

 

 

COMMUNIQUE DE L’OVPF

Lundi 17 février à 8h40

 

« Suite à l’arrêt du trémor volcanique le 16/02/2020 à 14h12 heure locale, aucune reprise n’a été constatée. L’éruption s’est donc arrêté le 16/02/2020 à 14h12. Aucun séisme n’a été enregistré depuis l’arrêt de l’éruption.
A noter qu’une acquisition satellite le 16/02/2020 à 10h35 heure locale, montrait toujours une anomalie thermique au niveau de l’évent éruptif. Cette anomalie ainsi que les bouffées de gaz persistantes lors de la matinée du 16/02/2020 indiquaient une faible activité de subsurface résiduelle jusqu’à l’arrêt définitif du trémor à 14h12. »

Cette éruption aura donc duré une petite semaine, il va sans dire que ce galop d’essai en appellera certainement d’autres au cours de cette nouvelle année; les cinq éruptions de 2019 confirment « la bonne santé » de la Fournaise qui devrait, cette année encore, faire parler d’elle!




Le cône volcanique de l’éruption baptisé « Piton Jacques PICARD »

 

La Cité du Volcan, l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise et le Parc National de La Réunion ont décidé de baptiser ce nouveau cônes au nom de « Jacques PICARD ».

« Cette première éruption de l’année 2020 est arrivée à point nommé pour fêter comme il se doit les 80 ans de Jacques PICARD, surnommé le « gardien volcan ». En effet, cette éruption a commencé la veille de son anniversaire (80 ans, le 11 février 2020). Jacques Picard fait partie de ces pionniers du Volcan qui ont contribué à faire connaître ce site très difficile d’accès jusqu’à la construction de la route du volcan en 1968.

Responsable du gîte du volcan de 1962 à 2000, cette figure emblématique de la Plaine des Cafres a accueilli, guidé et informé, durant près de 40 ans, des milliers de Réunionnais et de touristes, qu’ils soient simples particuliers, préfets ou personnalités en tout genre, telles que les célèbres volcanologues Haroun TAZIEFF, Maurice et Katia KRAFFT. »

 

 

Un grand merci aux photographes qui partagent leurs magnifiques clichés sur le net, et qui permettent à tous les passionnés de vivre ces moments forts: Ludovic CAFAFA, Philippe IGLICKI, Jonathan PAYET, Wilfrid PRIGENT, et Alexia GARREZ (Lé bon la Réunion).

Reportage au plus près des torrents de lave de la première éruption de l’année 2020 au Piton de La Fournaise, le 14 février 2020.
Images et réalisation Brieuc Coessens.

Éruption du piton de la Fournaise 14 février 2020

par Ben Celui Ci (Benoit Lincy -VolKaventure)

 

Plan pour vous situer dans la région du volcan

 

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Luc Souvet

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